Un soin à la boue gratuit, un ! ft. Shu Lian

Une journée comme une autre. Une simple journée standard. Rien de bien méchant, rien de bien folichon non plus. La jeune femme aimait un peu trop casser la routine, ce pourquoi elle sortait souvent dans des endroits différents le soir. Aujourd'hui ne ferait pas exception. Elle avait passée une robe bleu ciel en repassant chez elle. Les cheveux lâchés, elle s'apprêtait à aller simplement flâner dans les rues et découvrir un peu plus Red Hawk. Elle ne connaissait pas assez les deux villes à son goût encore malgré ces mois déjà passé ici.
S'étirant doucement en s'arrêtant un instant car son téléphone sonnait, elle ne remarque pas la grosse flaque boueuse à ses côtés, ni l'homme qui avance dans sa direction en courant et encore moins la voiture qui vient subitement les arroser gratuitement dans un crissement de pneus sonore.

Cillant vivement alors que l'autre personne s'époumone en jurons, elle regarde son téléphone qui a prit une partie de la douche également. Ses yeux se relèvent sur la voiture qui file déjà à l'autre bout de la rue sans demander son reste. Elle note vivement dans sa mémoire, essuie du revers de la main son écran sale et s'envoie un sms pour ne pas oublier la plaque de la voiture. Seulement après ça, elle réalise son état. « Haaa quelle horreur. » Puis relève les yeux sur le pauvre homme qui a eu le même traitement. « Ce n'était déjà pas une journée glorieuse mais là c'est le pompon ! » Lâche-t-elle avant de rire tout en s'essuyant comme elle le pouvait le visage. « Beurk, dégoûtant. » Vraiment.

Shu Lian était trop loin de chez elle, enfin chez Nathaniel, son colocataire. Et de toute façon il était hors de question qu'elle pénètre dans cet état là bas. Bonjour pour nettoyer le sol après. « Au moins... il faut se dire... que la boue c'est bon pour la peau. » Elle hausse les épaules, peu convaincue par elle même mais avec un petit sourire pour tenter de positiver. « J'ai fichtrement rien pour nous essuyer. Mais je crois que je vais éviter les flaques pour un bon moment maintenant. » Frottant un peu ses bras, elle frissonne de froid. C'est qu'elle n'était pas fort couverte, sa robe s'arrêtait à ses genoux et ses bras étaient nus. C'était de saison et elle n'avait clairement pas prévue de se faire arroser comme ça.
« Vous ne connaîtriez pas un hôtel proche où... on pourrait se débarbouiller dans une chambre ? » Alors qu'elle demandait ça, une jeune fille avec sa bande de copine s'approche et « On dirait Mei Mei les filles... Ha mais oui c'est elle ! Hey ! C'est Mei Mei des  Pink Rabbits ! » Des yeux ronds et la jeune femme se retourne vers les filles une seconde avant... d'attraper le poignet de son camarade d'infortune pour courir avec lui à toutes jambes à l'opposé de ces fans et se perdre dans les rues de Red Hawk.
Elle n'aura pas lâché le poignet de l'homme pour se raccrocher à quelque chose. Shu Lian est même désolée intérieurement si elle lui a fait mal à serrer si fort par peur. Elle désirait une vie tranquille, une vie d'anonyme ici. Le souffle court et hiératique par sa course, elle finit par s'arrêter. « Je suis désolée. » Murmure-t-elle à bout de souffle. « J'ai paniquée. » Elle vient reposer son dos contre le mur, légèrement penchée en avant pour tenter de trouver de l'air. « J'ai... pas voulu me retrouver toute seule malgré tout... je suis vraiment désolée. » Puisqu'ils venaient de traverser la misère de la voiture folle qui les éclabousse, elle avait pensé, elle avait cru... qu'elle pouvait partager encore un déboire avec lui. Mais maintenant elle était complètement paumée dans cette ville.

Un soin naturel. Au moins le jeune homme tentait lui aussi de positiver. Mais quelle galère franchement ! Ils n'avaient rien fait l'un comme l'autre pour mériter un tel traitement. C'était plus de la saleté que de la boue en plus. Rien pour donner envie à Shu Lian de rester plus longtemps dans cet état. Elle allait au spa quand elle voulait un soin à la boue non mais !

Il parle de sa plaque, de lui coller un procès et ha ! « Moi je l'ai. » Annonce-t-elle mais avant qu'ils ne puissent entamer quoi que se soit elle demande s'il ne connaîtrait pas un hôtel dans le coin pour qu'ils puissent se doucher mais des jeunes groupies en décident autrement.
La panique fait faire des choses bizarres.
Etait-ce parce qu'ils avaient partagé un moment d'infortune ou qu'elle voulait vraiment juste ne pas se retrouver seule, aucune idée, toujours était-il qu'elle avait agrippé le poignet de Rael pour l'entraîner dans sa course folle et échapper à ces jeunes filles. Dans une rue, une ruelle, loin.

Il allait vouloir une explication non ? Quand elle s'arrête ses joues sont rouges et son souffle bien rapide. Bon sang, elle n'avait plus vingt ans et n'était pas sportive non plus, enfin pas endurante, pas pour ça. « Hm hm. Ca va... » Elle inspire, déglutit pour tenter de calmer son rythme respiratoire et se redresse en rejetant ses cheveux qui étaient venus s'éparpiller autour de son visage en arrière. « Je... j'ai eu une carrière d'artiste... j'ai raccroché à Noël l'année dernière. Je suis venu ici pour... vivre tranquille loin de tout ça. On me... connaît bien moins ici qu'ailleurs. » Une petite toux et elle tourne ses yeux sur lui. « J'espère juste qu'elles n'ont pas prisent de photos... de vous. » Il n'avait pas à être mêlé à ça.

Tapotant son thorax, elle sort son téléphone. « J'ai pris tout à l'heure la plaque du chauffard... vous avez dit... que vous pourriez lui faire un procès. Personnellement je suis pour. On pourrait choper les pires maladies du coin à cause de lui. » Elle grelotte de nouveau et regarde autour d'eux. Définitivement Shu Lian était perdue. « Et euh... comment dire... je ne sais pas du tout où nous sommes. » L'air penaude, elle vient jouer nerveusement de ses doigts en espérant qu'il connaisse un peu mieux le coin qu'elle.

On la connaît oui, et même si dans le fond ça ne la dérange pas, elle aimerait réellement une vie plus tranquille maintenant.
L’homme a le don de la détendre et elle lui en est profondément reconnaissante. Pour autant elle a toujours un peu de mal à retrouver pleinement son souffle. L’émotion, la course imprévue, l’eau glacée et sale ne l’aide pas à calmer ses esprits et son corps. « Je ne trouve pas que vous ressembliez au clochard du coin comme ça. Mais c’est sur que vous étiez plus charmant sans cette boue. » Un franc sourire et les battements frénétiques d’un effort se calment petit à petit.

Un petit hochement de tête et après l’avoir brièvement montré au jeune homme, Shu Lian range son téléphone, satisfaite qu’il fonctionne. « Je n’ai pas de temps à perdre, mais j’ai du temps à consacrer à ce genre de chose. » Elle comptait bien avoir gain de cause, qu’importe l’argent à investir pour ça. « Et l’argent n’est pas non plus un soucis. » Bon, ce n’était pas de son genre de se vanter d’être à l’aise mais, il suffisait de la regarder pour comprendre qu’elle était financièrement plus que bien. Merci ses parents, sa carrière de chanteuse et son travail actuel qui lui permettait de garder un bon train de vie. « Et je compte bien gagner contre cet hurluberlu. Non mais franchement. »  Ses pauvres vêtements et surtout ce pauvre homme.

Avouant qu’elle ne savait pas du tout où ils se trouvaient, Shu sourit timidement jusqu’à ce que Rael reprenne parole. « Ho vraiment ?! » La revoilà enjouée. Tandis que ses yeux suivent la direction que pointe son camarade d’infortune, la comptable tourne la tête et dans le creux de son coude elle vient éternuer. C’était un petit bruit, comme un petit couinement de souris. Un petit reniflement après, les joues un peu rouge parce qu’elle n’aimait pas les bruits qu’elle pouvait faire, elle enchaîne. « Allons-y vite et peu importe que ça ne soit pas un hôtel grand luxe. » Elle s’en contenterait bien, pas trop le choix. Tout ce qu’elle espère est qu’ils pourront leur offrit des peignoirs le temps de faire sécher leurs vêtements. « Oh, il n’y a pas une laverie pas loin à tout hasard ? Même si l’idée de sortir à moitié nue dans la rue ne me plais pas trop… je ne me voit pas repasser mes vêtements couverts de boue une fois que je serais propre. » Madame était exigeante. Parfois trop, mais c’est ce qui faisait qu’on la respectait au travail.

Alors qu’elle avançait en se frottant les bras pour avoir moins froid, la chinoise observe les rues avant de s’arrêter pour le regarder et annoncer : « Au fait, je m’appelle Shu Lian. Et vous ? » Ca serait quand même plus sympa. Après ce qu’ils ont vécu et si cet homme tenait vraiment à mettre un procès à ce chauffard, connaître au moins son prénom serait plus agréable. Elle espérait aussi qu’il ne la laisse pas toute seule. Pas ici, pas comme ça. Si elle a un caractère à ne pas se laisser marcher sur les pieds, Shu Lian appréciait aussi se faire dorloter et couver.