TW : attouchement, agression sexuelle, pedophilie, accident, décès.
C'est dans la capitale espagnole qu'est née Soledad. Enfant bouée d'un couple qui battait déjà de l'aile, ce n'est que quelques années après sa naissance que se sont séparés ses parents. Elle était jeune quand cela est arrivé et elle n'en garde pas vraiment de souvenirs. Elle voyait de temps en temps son paternel, mais c'était essentiellement sa mère qui s'occupait d'elle. Cette dernière faisait du mieux qu'elle pouvait. Elle n'était pas riche, travaillait d'arrache-pieds pour subvenir aux besoins de la famille, mais ce n'était pas pour autant qu'elles étaient malheureuses. Avec le recul, Soledad a le sentiment que cela correspondait aux meilleurs moments de sa vie. Quand elle était encore insouciante, qu'elle ne se posait pas de questions et que la vie n'avait pas décidé d'être une chienne avec elle.
C'est quand elle avait neuf ans que sa vie changea rapidement. Sa mère était friande des sites de rencontre et c'est là-dessus qu'elle rencontra le nouvel homme de sa vie. Un bellâtre américain qui lui promettait monts et merveilles. Alors, la décision fut radicale. Les valises étaient faites et direction Phoenix, en Arizona, pour vivre cette nouvelle histoire d'amour. Soledad n'avait pas vraiment son mot à dire dans cette affaire et l'adaptation fut assez compliquée pour elle. Même si son nouveau beau-père et sa fille étaient adorables, c'était à l'école que se fut compliqué. À l'époque, elle ne connaissait pas un mot d'anglais, alors quand elle essayait, elle faisait des nombreuses fautes et son accent était à couper au couteau. Elle était souvent moquée par ses petits camarades et c'est certainement à ce moment que Soledad dressa les premiers murs autour de sa personnalité, pour se protéger.
Au début, cela avait commencé par des compliments.
Tu es magnifique Soledad. Cette robe te va bien Soledad. Tu es mature pour ton âge Soledad. Son beau-père ne tarait d'éloges que pour elle. Et puis ça a été des petits gestes, une main sur la cuisse ou sur l'épaule, une caresse le long du dos. Soledad était mal à l'aise, mais elle n'osait pas en parler, elle se disait que c'était peut-être qui s'imaginait des choses. Elle n'avait que quatorze ans, ça ne pouvait pas être chose qu'une simple marque d'affection ? Pourtant, il y a cette fois, où sa mère était absente, quand il s'est glissé sous ses draps et que l'innocence de l'adolescente a été détruite à jamais. Elle a mis deux ans à réussir à en parler. Deux ans où elle entendait à chaque fois
Ça reste entre nous. Elle ne serait dire qu'est-ce qui a été le déclic, pourquoi était-ce à ce moment que les mots sont sortis de sa douche, mais en tout cas, elle se souviendrait toujours de ce petit déjeuner et du regard de sa mère quand tout cela a été révélé.
Maintenant, il n'y avait plus que Soledad et sa mère. Elles avaient déménagé pour se retrouver à Red Hawk. Un nouveau lieu pour repartir à nouveau. Mais Soledad, elle n'arrivait plus à aller vers les autres, elle avait construit des murs autour d'elle et n'arrivait pas à se faire des amis. Mais cela ne la dérangeait plus, elle était habituée à la solitude et elle s'y sentait bien, c'en était même rassurant.
Au début, cette nouvelle vie allait bien, elle s'adaptait à son nouveau quotidien à Red Hawk. Soledad allait sur ses dix-huit ans, l'envie de commencer des études de vétérinaire, rêvant de travailler avec les animaux. Elle travaillait aussi à côté, en tant que femme de ménage, pour se mettre de l'argent de côté. Mais, la malchance semblait penchée sur le berceau de Soledad dès la naissance. Sa mère fut victime d'un accident de voiture. Un homme ivre l'avait renversé et quelque heures plus tard, elle décéda. Soledad se retrouva seul. Cela était déjà assez difficile, mais l'homme s'en sorti sans problème. Fils d'un riche avocat de Whitebridge, il graissa la patte autour de lui pour que cela soit oublié. Soledad, qui était déjà assez solitaire, devient aigrie. Comment faire autrement ?
Maintenant, Soledad va avoir 28 ans, et elle ne sait pas où elle va dans la vie. Elle a mit de côté ses études, qu'elle n'avait que vaguement commencé. Elle continue de travailler comme femme de ménage, pour des gens qu'elle déteste. Elle a l'impression d'être piégée dans un brouillard et elle attend le jour où les choses iront mieux, sans vraiment d'espoir.