(FB) Nuit calme ; Arès

Il pleut ce soir sur Redhawk. La pluie inonde l’asphalte sous les pieds de la jeune femme qui court pour trouver un abris. La pluie l’a surprit alors qu’elle sortait de chez sa mère et Sacha n’a pas pu se résoudre a faire demi tour pour avouer qu’elle aurait du accepter le parapluie que sa mère voulait absolument qu’elle prenne. Elle sourit en pensant à cette dernière qui doit être fière d’avoir eut raison. Elle va en entendre parler le lendemain quand elle passera la voir, elle en est certaine. Elle resserre sa veste autour de sa taille pour s’abriter du vent qui accompagne la pluie glaciale. Elle frissonne quand ce dernier parvient à se glisser entre les pans de ses vêtements et lui glace la peau. Le temps est désastreux, c’est à se demander pourquoi elle n’a pas pensé à prendre un parapluie et a enfiler une veste plus chaude.

Sa robe a prit l’eau et ses chaussures se montrent petit à petit comme n’étant pas étanche. Elle aurait du accepter de rester chez sa mère pour la nuit mais elle préfère rentrer chez elle, quitte à être trempé. Depuis que Ziggy est parti en prison, Sacha tente de reprendre le cours de sa vie, de se détacher un peu de sa mère, de vivre sa vie d’adulte. Elle le fait pour son frère, qui a sacrifier une partie de sa vie pour elle, pour qu’elle puisse profiter de la pluie glaciale de RedHawk. Un lampadaire grésille au dessus de sa tête alors qu’elle presse le pas sur les pavés irréguliers de la ville qui l’a vu grandir. Elle connait par coeur ses rues, ses ruelles et les raccourcis pour atteindre le studio qu’elle loue dans le centre ville. Tête baissée, abritée par un foulard qu’elle porte en capuches improvisée elle ne fait pas attention où elle va, elle doit bien l’admettre. Concentrée sur la vision d’une douche brulante, d’un thé et de la chaleur de sa couette elle ne remarque pas la personne qui se presse en face d’elle.

Le choc n’est pas très violent mais suffisant pour la sortir de sa rêverie et la faire tomber sur le sol trempé. Elle grimace quand ses mains s’écorchent en amortissant sa chute. « -aïe.. » elle souffle en relevant la tête pour voir la personne dans laquelle elle a foncé. On ne sait jamais sur qui on peut tomber dans Redhawk en pleine nuit. « -Je suis désolée, j’étais plongée dans mes pensées. » Sacha sait qu’il vaut mieux s’excuser dans ces cas là, dans ces heures là et dans ces quartiers là. Elle regarde d’un peu plus près le jeune homme, grand et bien plus costaud qu’elle. Sans doute pour ça qu’elle est au sol et lui debout, aussi impression qu’une montagne vu du sol. Elle ne distingue pas son visage dans l'obscurité des rues mals éclairées de la ville « -Je.. je suis désolée » bredouille la blonde.

Voilà déjà quelques jours que je suis sorti de taule, cette cage à lion, où j’ai passé deux années enfermé comme un rat. La liberté au bout des doigts, moins d’une semaine que je suis sorti et me voilà de retour pour mes petits trafics. A croire que je n’ai pas vraiment compris la leçon et maintenant que j’ai un casier judiciaire aussi long que le bras, je doute qu’un travail légal veuille bien m’accepter. Surtout lorsque l’on goûte à l’argent facile, plus simple et plus rapide à se faire.

J’ai retrouvé les miens, toujours dans cet appart aussi pourri que la cellule ou j’ai dormis. Cocon d’Artemis et d’Hermes, qui font tout pour que l’endroit ressemble à quelque chose de convenable, contrairement à moi qui fuis le domicile dès que l’occasion se présente. A peine une semaine que j’ai passé les grilles du centre de détention, que je suis de l’autre côté des murs et me voilà sorti gagnant, d’un premier combat illégal. Les affaires reprennent, l’argent manquent, comme à son habitude, même si la fratrie s’en est sorti le temps que j’étais derrière les barreaux, une troisième bouche à nourrir vient s’ajouter de nouveau. C’est tout naturellement que je traverse le quartier, une main dans les poches, l’autre envoyant un rapide message à mon frère, le visage tuméfié et le t-shirt mouillé par la pluie qui ne cesse de s’abattre. Lorsque je rentre dans quelqu’un, faisant tomber cette personne au sol.

Cette voix, je la reconnaîtrai entre mille autres. Sacha était belle et bien devant moi, le cul à terre, mouillée elle aussi de la tête aux pieds quand je descendit le regard un peu plus bas que l’écran qui illuminait à peine mon visage. La blonde se confond en excuses, ne me laissant presque pas en placer une. Sacha ? Dis-je en glissant mon portable dans la poche de mon jogging. C’est tout naturellement que je m’accroupis devant elle, pour être à sa hauteur. Si nos rapports ont toujours étés bons, mon petit séjour en prison nous a considérablement éloigné. Pupille qui se pose sur ce visage mal éclairé par les lampadaires pourrit de RedHawk. Qu’est c’que tu fais aussi tard dehors ? Ce n’était clairement pas les retrouvailles que j’espérais, gâché sans doute par cette pluie, ou bien par une autre raison qui me vaut la rencontre de cette blonde en pleine nuit. Comment me comporter avec elle dorénavant ? Était-elle au courant que j’étais sortie de prison ? Ziggy a du la tenir au courant… Pourquoi n’a-t-elle pas donné de nouvelle avant ? Pourquoi a-t-il fallu que le destin s’en mêle, en particulier ce soir ? Malgré l’heure tardive, les coups reçu par le combat et le temps, je suis relativement content d’être tombé sur elle ce soir ou dans le cas contraire, qu’elle ne soit pas tombée sur un connard qui aurait profité d’avoir le dessus sur une femme de son genre. D’un bras, j’aide la jeune femme à se remettre sur pied. La voir là, comme ça, en face de moi me parait tout drôle. Si quelqu’un nous voyait, face à face sous la pluie, il nous prendrait sûrement pour deux abrutis.

Assise dans l’eau de la pluie Sacha se demande ce qu’elle va pouvoir bien faire pour se relever avec un minimum de dignité de cette situation où elle doit avoir l’air des plus ridicule. Trempée de la tête aux pieds, tombée sur le trottoir à s’excuser platement face à un inconnu qui semble ne même pas être perturbé par le choc. Comme si elle n’était qu’une simple feuille qui avait pu lui rentrer dedans. La lumière de son téléphone éclair quelques instant le visage de sa rencontre nocturne et elle croit y reconnaitre des traits qu’elle a déjà vu, elle n’a pas le temps de réfléchir que la voix lui donne raison. Arès. Elle hoche la tête, un peu troublée, par la chute ou cette rencontre en pleine nuit. Elle ne dit pas mot, se contente de distinguer ses traits dans les lumières faiblardes autour d’eux quand il s’accroupit à hauteur de son visage. « -Je.. je rentrais de chez ma mère.. » elle souffle, encore sous le choc de le croiser là. Ça fait longtemps qu’elle ne l’a pas vu mais elle n’a pas oublié ses traits, gardés dans le fond de sa mémoire. Elle se laisse relevée , effleurant les plis de sa robe comme si cela pouvait sauver l’allure pitoyable qu’elle doit avoir , trempée de la tête aux pieds. Elle regarde de plus près ses traits sous les éclairages, réalisant son visage tuméfié. « -Tu vas bien ? » Elle demande, tendant par réflexe sa main pour effleurer les égratignures sur sa peau avant de la récupérer comme si elle venait de se bruler. « -Qu’est ce qui t’es arrivé ? » Elle demande, la mine inquiète. Ce n’est pas la première fois qu’elle le voit comme ça, il avait la même allure le soir où ils se sont croisés ils y a plusieurs années maintenant à l’hôpital ce soir là.

Elle ne savait pas qu’il était sorti, comme toujours elle pensait demander des nouvelles à Ziggy en allant le voir mais elle ne s’y était pas encore rendue cette semaine. Elle se sentirait peut-être un peu moins bête si elle avait sut, moins l’air surprise. Moins l’air perdue aussi. Là, planté tous les deux avec les pluie qui s’inscrute dans leurs vêtements. « -Tu.. j’habite à côté tu veux venir te mettre à l’abris. J’ai de la glace pour ta joue. » elle demande en se mordant le coin de la lèvre. 
Ce serait mentir de dire qu’elle n’avait pas pensé à lui ces dernières années, ce serait mentir qu’elle n’avait pas une certaine nostalgie en pensant à tout ça. Elle ne sait pas trop ce qui aurait pu se passer s’il n’avait pas fini derrière les barreaux. « -Sauf si tu dois rentrer.. » elle poursuit, hésitante. Elle n’avait pas imaginer des retrouvailles comme celles ci, elle ne sait même pas comment elle les auraient imaginés mais dans son idée elle était sèches et ses cheveux ne dégoulinaient pas comme ça sur ses épaules. « -Si tu dois rentrer on peut.. peut-être se voir un autre jour.. » elle lui adressa un sourire timide. « -Enfin.. si ça tu veux .. »

Si beaucoup de chose avait changé en deux ans, elle, elle n’avait pas changée. Sacha était resté la même, physiquement parlant, car mentalement, j’en avais aucune idée. Dans le fond, on ne s’était pas fréquenté tant que ça, du moins, pas avant le soir où je l’ai trouvé à l’hôpital. Ce soir, où elle avait l’air tellement déboussolée et perdue, apeuré et triste à la fois. Ce fameux soir, qui nous a littéralement rapproché. Avant que je ne sois incarcéré, quelques semaines après pour être enfermé deux ans. Elle était trempée, ses cheveux étaient totalement mouillés, tout comme les miens qui me tombaient littéralement devant les yeux. Sa robe n’avait plus de parfait petit plis, mais lui collait au corps à présent. Il ne faisait pas vraiment chaud ce soir, la blonde doit être frigorifiée et à mon plus grand désarroi - ou le siens, je n’avais aucune veste à lui proposer afin de la réchauffer.

C’est debout, que je n’arrive plus à quitter son regard. Ses doigts frôle ma joue avant qu’elle ne les retirent aussi vite, comme si ma joue était en feu. Je fronce un instant les sourcils et passe ma main derrière la nuque, témoignant ma gêne. J’avais pas de quoi m’en venter, se battre pour essayer de bouffer et garder un toit au dessus de nos têtes, en plus de ce que faisaient Arty et Hermès, mais finalement, on s’en sortait plutôt bien. Du moins, ça a toujours fonctionné, jusqu’à temps que l’un de nous se fera rattraper une nouvelle fois pas les flics. Rien d’bien méchant … T’as sûrement dû entendre parler de ces fameux combats illégaux … Ce petit détail qui rendait bien souvent les choses compliqués, car finalement, je ne savais rien faire d’autre que de taper, de voler et d’arnaquer. Ma réputation n’était plus à faire à RedHawk. Tout le monde savait qui j’étais, tout le monde connaissait les Haynes. Et je n’avais pas perdu de temps pour reprendre mes bonnes vieilles habitudes. J’ai pas vraiment grand chose de prévu, alors j’accepte volontiers la glace pour ma joue, histoire que ça ne gonfle pas trop. Dis-je en rompant enfin le contact avec ses yeux. J’avais pas vraiment de trucs de prévu, seulement rentrer et déposer la liasse de billet dans une des boîtes que contenait nos économies à la maison. Comment se comporter avec une personne que l’on a vu si peu en deux ans ? Je passe pour un gros con, sûrement, mais je lui emboîte le pas, marchant à ses côtés. Il a du s’en passer des choses pendant que j’étais en taule … T’as déménagé ? Dis-je afin d’essayer d’avoir des informations. En somme, savoir si elle était toujours avec son mec, une information des plus cruciales pour moi, tâter le terrain sans lui poser réellement la question. Deux ans, c’est long, il a dû se passer des tas de choses dans la vie de cette fille. La dernière fois que nous avions vraiment discuté, elle était toujours en couple avec son tocard.

Ce soir là elle errait devant l’hôpital. Ils ne pouvaient rien faire de plus pour elle, c’est que la secrétaire lui avait dit et la porte s’était refermé derrière elle. Ça faisait maintenant une heure, ou peut-être deux que la blonde était assise sur les marches devant le bâtiment. Elle n’avait aucune idée d’où aller, de quoi faire. Dans ces moments là, elle se serait naturellement tournée vers son frère, mais Ziggy était emprisonné depuis quelques jours à présent et elle ne se voyait pas déranger sa mère qui encaissait mal la nouvelle. Tout cela était sa faute après tout. Elle méritait d’être là, sur les marches de l’hôpital. C’était ce soir là qu’Arès avait débarqué, le visage rougit par les coups et la lèvre ouverte.

Ce soir, sous la pluie, il avait le même visage maculé de bleu et la lèvre gonflé. Elle n’a rien d’autre à lui proposer qu’un peu d’aide comme il l’avait fait le soir devant l’hôpital quand il avait prit le temps de prendre soin d’elle. Avant ça, ils n’avaient pas été proche, juste des connaissance qui se saluaient mais après cette nuit, ils s’étaient rapprochés. Cependant, une fois encore la prison avait été mit dans la balance et avec autant de violence elle avait prit Ziggy, elle avait également prit Arès. « -Je vis dans un petit appartement en centre ville. C’est plus intime quand Jack vient, moins gênant que quand je vivais encore chez ma mère » elle rigole nerveusement. Elle préfère ne pas évoquer son petit ami devant le jeune homme, sans trop savoir pourquoi.

Ils marchent tous les deux, côte a côte dans les rues désertes de Redhawk. Le silence prend de plus de place entre eux mais avec soulagement Sacha pousse la porte de son immeuble. « J’habite au dernier étage… sans ascenseur » elle dit en entamant la montée des quatre étages pour atterrir dans son minuscule appartement. L’espace petit sous les toits est à peine assez grand pour qu’elle ait pu y mettre un lit faisant également office de canapé. « -Assieds toi » invite la jeune femme pendant qu’elle ouvre les fenêtres pour aérer l’endroit avant de sortir un pain de glace du congélateur. Elle revient vers le brun, la glace enroulée dans un torchon et lui pose sur l’arcade, là où un bleu commence à s’étendre. « -Il ne t’a pas loupé… » dit-elle appuyant le frais contre son visage. « -Tu devrais faire attention a toi… » elle soupire, elle connaît parfaitement la réputation d’Arès et de toute sa famille en général. Et même si elle les tient en affection, elle sait que ces combats sont des evênements auxquels ils vaut mieux ne pas être mêlé.

Quel putain de mec aurait refusé l’aide de Sacha après avoir su ce qu’il s’était passé quelques années avant ? Je ne faisais pas partie de ceux qui aurait refusé malgré le fait que moi, je n’ai pas vraiment eu l’impression de l’aider le soir où je l’ai trouvé assise sur les marches de l’hôpital. Quelle drôle de rencontre en y repensant… Mes cheveux aplatis par la pluie, mon t-shirt gorgée de flotte, je ne ressemble certainement à rien avec cette dégaine, mais peu importe, même sec, mon visage tuméfié ne me ferait ressembler à rien. En lui posant cette question, la blonde me répond, m’avouant sans le faire que Jack traînait encore dans les parages. C’est pas vraiment un mec que je porte dans mon cœur, ils sont peu d’ailleurs, ceux que j’estime. T’es toujours avec lui alors … et… Ça va ? Enfin, vous deux j’veux dire. Ça fait un moment que vous êtes ensemble. Persuadé qu’elle affirmerait les dires pour ne pas s’étaler sur le sujet.

C’est arrivé devant son immeuble que je m’engouffre derrière elle, nous mettant enfin à l’abris de cette pluie torrentielle. C’est pas vraiment un problème. Dis-je en la suivant dans les escaliers. Quatre étages n’est pas la mer à boire. La montée ne dure pas vraiment longtemps, mon regard se perd un instant sur son dos avant d’enfin arriver au quatrième. C’est à l’intérieur que mon regard se pose un peu partout, dans le petit appartement mansardé. Un petit cocon qui finalement ressemble bien à la jeune femme. Je m’exécute alors, me posant sur son canapé après avoir retiré mon t-shirt trempé, la regardant faire avant de poser le frais contre mon arcade. Non… Mais je pense lui avoir fait bien pire qu’un simple bleu. Il disparaîtra dans quelques jours, c’est rien. Dis-je en relevant le regard sur son visage. Ma réputation n’était plus à faire à RedHawk. J’ai l’habitude. T’en fais pas pour ça. Rajoutai-je en venant tenir moi-même le pain de glace afin de libérer la jeune femme. Tout le monde savait qui étaient et ce que faisaient les Haynes. Vie pourrit dans le fond quand on doit faire tout et n’importe quoi pour survivre … T’as pu aller voir ton frère ? Terrible conversation, rappelant mes deux années passées derrière les barreaux. Ou l’ennui me suivait pratiquement tous les jours. Où je n’étais qu’un putain de lion dans un cage. Un simple numéro parmi les autres détenus.