Étrange mélange

Petit trafics en tout genre, comme à mon habitude, sauf que cette fois, c’est dans le quartier de Whitebridge que je fou les pieds. Jeunesse dorée, gosse de riche et fis à papa ont eux aussi besoin de se repoudrer le nez de temps en temps. Deux trois deals aujourd’hui, de quoi me faire un peu de pognon histoire de rajouter ça aux économies qui traînent dans un meuble du salon de l’appartement. Il est rare que j’atterrisse ici, en temps normal j’évite de me mélanger aux habitant des quartiers huppés. Ceci dit, eux évitent sans hésiter de traîner a Red Hawk. on ne se mélange pas vraiment, pas de quoi être fier pour eux et encore moins pour nous. De la rivalité ? Sans aucun doute.

Un dernier client et je rentre au quartier. Échange de billet propre contre du sale à se foutre dans les narines. C’est bien les gosses de riche, prêt à acheter à n’importe qui pour planer le temps de quelques heures et déconnecter leurs neurones. Pour le coup, j’ai pas vraiment le choix. Qui voudrait qu’un  mec qui sort tout droit de prison travail pour lui ? C’est bien connu, les mecs comme moi, on les évitent tant qu’on peut. J’ai jamais vu sa tête, c’est la première fois que je lui donne de la poudre, mais peu importe, ce qui compte, c’est le fric. Je prend le temps de compter les billets afin qu’il ne me la fasse pas à l’envers avant qu’il s’en aille. Le compte est bon, dans tous les cas, il aurait eut moins à perdre que moi. Le centre ville est animée, ici, sa vie différemment qu’à Red Hawk. Chez nous, les gosses traînent dehors sans vraiment de surveillance de leurs parents. C’est en contournant l’énorme fontaine qui trône au milieu de la place que je repère Artemis, juste devant moi. Un mec se tient à ses côtés, un homme que je ne semble pas reconnaître. Une situation qui ne me plais pas vraiment et malgré ça, je ne pourrais jamais lui interdir de mener sa propre vie. Ma soeur a énormément changée depuis mon séjour en prison. Envolée la petite fille sage qui ressemblait à toutes ces fillettes à la sortie d’école. L’encre lui recouvre désormais pas mal de peau, lui faire la moral sur ça ? J’suis vraiment mal placé au vu de ma peau encrée, sauf qu’Arty n’est pas n’importe qui, elle reste ma soeur et j’ai toujours mis un point d’honneur à la protéger. Peut-être un peu trop d’ailleurs. Arrivant à hauteur de ma cadette, je lui lance, encore dans son dos. Qu’est c’que tu fou ici ?! La brunette s’arrête net avant de se retourner pour enfin me faire face. Qu’est ce qu’elle fou à Whitebridge ? Étrange rencontre dans un lieu qui ne nous ressembles pas, loin du milieu que l’on fréquente habituellement. Moi pour gagner du fric, elle pour flâner avec un mec ?

S’il n’était pas bon de traîner à Red Hawk, c’était tout le contraire du côté de Whitebridge. Rien ne ressemblait aux rues infects du quartier dans lequel j’habitais. L’impression de ne pas être dans la même ville et pourtant, c’était belle et bien le cas.

Me retrouvant face à ma frangine, je fronce les sourcils en l’entendant répliquer. La brune avait bien changé durant mes années derrières les barreaux. En bien ou en mal, j’ignorai comment me comporter avec elle. Encore, s’il n’y avait que son physique, mais voilà que son comportement aussi avait également changé. C’était une Haynes a coup sûr, à ne pas se laisser marcher sur les pieds et a aboyer quand il le faut. Je pouvais concevoir son putain de comportement avec les autres. Mais pas avec moi, car j’avais autant de caractère qu’elle. Un rictus pris forme sur mes lèvres, arquant un sourcil lorsque la jeune rebelle continue son speech. Avec quelqu’un hein. Tu fais chez les riches à papa maintenant ? Je n’étais peut-être pas le mieux placé pour lui faire une leçon de morale, des filles avec du fric, j’en avais déjà volé, jouant de mes charmes pour repartir avec quelques objets de valeur. Je savais que dans le fond, elles aimaient ça, la p’tite racaille et les mecs qui n’ont peur de pas grand chose. La piquer était sûrement le meilleur moyen de la foutre en colère et qu’elle m’en mette plein la gueule. Mais après tout, elle savait très bien à qui elle avait à faire, alors ranger ma langue dans ma poche, surtout devant les membres de ma famille, très peu pour moi. Et si c’était vraiment le cas, si elle profitait de riches garçons pour s’en mettre plein les poches, c’était tout en son honneur. Seulement, je reste un Haynes. Mec des quartiers pourrie qui ne se mélangerai pour rien au monde à la jeunesse dorée à qui je vend d’la came pour se bousiller le cerveau. Seulement un verre ou c’est porte ouverte à tout le monde aussi ? Continuai-je en faisant référence à ce qu’il se passait ou passerait, une fois le verre vide.

Si la brunette en face de moi n’avait pas hérité du même trait sanguin que le mien, les choses se seraient passées différemment. Une chance qu’Hermès soit plus posé et plus calme que nous nous deux. L’équilibre dans la balance, celui qui apaise généralement les choses lorsque la situation commence à déraper entre Arty et moi. Vous imaginez, vous, trois caractères explosifs dans la même pièce ? Moi, je ne préfère pas. Artemis avait peut-être grandi, voire mûri durant ces deux années, mais elle restait pas moins ma sœur pour autant et le fait qu’elle traîne ici, avec un mec des quartiers chic, voir avec un mec tout court me dérange quelque peu. Parce qu’à mes yeux, elle reste une gamine, aussi paumer qu'avant, celle qui se planquait quand notre connard de géniteur se pointait pour nous foutre sur la gueule. En deux ans, les choses avaient bien changé et je n’avais rien vu v’vnir. Si la brune fait une tête de moins que moi, je suis obligé de baisser les yeux pour la regarder se mettre en colère. Et si elle ne voulait pas se justifier, j’en avais rien à foutre. Si tu veux ouvrir les cuisses au premier v’nu dans l’espoir de soutirer un peu d’fric à tes beaux gosses de fils à papa, c’est ton putain d’problème, mais le fait pas d’vant moi ! Dis-je en haussant un peu plus le ton pour que son rencard puisse m’entendre. Qu’il le prenne mal, j’en avais également rien à foutre, si ça pouvait même le faire fuir d’ailleurs, ça serait génial… En soi, c’était une rencontre un peu hasardeuse, je savais dans le fond que j’avais tort de lui balancer ça et qu’elle s’en servirait contre moi. J’y peux rien, j’suis du genre à parler avec les poings d’habitude, sauf que j’peux pas lui en foutre une pour la raisonner parce que je suis juste incapable de lever la main sur l’un des membres de ma superbe famille. 

La pression commence réellement à monter lorsqu’elle me balance cette phrase, pointant mon torse de son Index. Index que je choppe rapidement afin de lui retirer sa main, ne cessant de la regarder dans les yeux. Et si je commence à bouillir de l’intérieur, je risque également de regretter ce que je vais lui dire. T’as vraiment changé Arty. Tu fais quoi, tu t’prostitue maintenant ?! Non, bien sûr que non et je le savais, je voulais seulement faire réagir et faire prendre conscience la cadette Haynes que son comportement me déplaisait. Même si dans le fond, je savais qu'elle n'écouterait rien. Je ne pouvais pas lui retirer sa liberté et lui dicter sa vie. C’était sans compter sur les passants qui commencent à surement se demander quel est ce cirque en plein centre de Whitebridge, petit quartier tranquille. Et si on ne voulait pas avoir affaire aux flics, il valait mieux ne pas traîner trop longtemps dans les parages. 

Est-ce que j’étais en train de l’insulter de pute ? Très certainement. C’est comme ça qu’elle se font appeler non ? Les nanas qui ouvrent leur cuisses contre quelques billets ! Tu veux peut-être regarder la définition ?! Lui répondais-je agace de cette situation. Ce n’était pas la Artemis que j’avais laissé avant d’être enfermé, c’était une tout autre personne que j’avais en face de moi. Et cette personne était loin, très loin de me plaire ! Son doigt que je serrais dans ma main se retire avec force tout de même. Je ne la lâche pas des yeux, la regardant ainsi de haut. Elle est la seule femme sur cette foutu planète qui arrive à me faire sortir de mes gond en moins de deux. Je démarre souvent au quart de tour, trait de caractère qui me vaut parfois voir souvent, quelques problèmes dans ma vie.

Elle me crache son venin à la gueule, me déverse toute sa haine et ses reproches. Je ne bronche pas, touché par ses derniers mots, mon cœur s’emballe tandis que je ne bouge pas d’un pouce. Dans le fond, elle n’a pas vraiment tord, mais si j’ai terminé en taule, c’était bien évidemment pour qu’elle et Hermès puissent bouffer et avoir un toit sur la tête ! Est-ce que la situation pouvait être pire ? Bien sûr que non. Arty a le don de blesser avec les mots tandis que moi, je suis à deux doigts de ne plus me contrôler. J’avale difficilement ma salive alors que la colère monte en moi. Mon sang bouillonne à l’intérieur de mes veines et je n’ai qu’une seule envie, m’en prendre au premier qui passe par-là. Bien évidemment que je ne fais rien. Tabasser un mec ici c’était comme un bourge qui se baladait à RedHawk. Ça sentait très mauvais. J’suis super content que tout Whitebridge t’es passé dessus ! Maintenant j’suis là, alors t’es cuisses tu vas les refermer ou j’vais m’en charger autrement ! Autrement dit, m’en prendre à tous les mecs qui ont le malheur de s’approcher d’elle. Et en me connaissant, elle savait pertinemment que j’en était capable. Va dire au r’voir à ton mec et on s’casse ! Rajoutai en attrapant son bras pour l’inciter à aller vers le mec avec qui elle était un peu plus tôt et qui n’a rien raté de la scène. Ses putains de paroles ne veulent pas sortir de mon crâne, elles tournent malheureusement en boucle dans mon encéphale, culpabilisant un instant de les avoir abandonné, car si Arty est ainsi aujourd’hui, c’est entièrement de ma faute. La culpabilité ne me quittera jamais de l’avoir laissé mal tourné.