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Une clope ? [Billie & Ethan]

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     Il est 15h17 et c’est déjà la deuxième fois que je fais presque le même trajet. Je devrais pas me plaindre, c’est moi qui suis chargé de conduire. Y’a rien de pire que d’avaler des kilomètres en restant passif. En général c’est notre collègue infirmier qui se charge de stabiliser le patient. J’y connais pas grand-chose… C’est triste de se dire qu’à 38 ans on est en formation, mais si je dois être honnête, je suis bien capable de faire les premiers soins, c’est juste qu’il faut pas me demander de faire une intraveineuse ou je sais pas quoi. Je m’en sors pas trop mal, les gars sont sympas, je me suis fait ma place, et le travail est pas plus compliqué que ce que j’ai déjà fait.

     Y’a eu un accident, un accident moche sur Red Hawk Harbor, pas très loin des docks. Quand on est arrivés, il y avait une caisse complètement encastrée dans une autre. Le responsable de l’accident est un gamin de dix-sept ans que j’ai déjà vu à la fondation, ça m’a fait chier de le voir comme ça. J’espère pour lui qu’il va s’en tirer, mais j’y mettrais pas ma main à couper. Je connais pas l’autre victime, mais j’ai bien compris qu’elle avait été plus durement touchée encore, parce que la caisse lui a presque enfoncé les jambes. J’aimerais pas être la personne qui va rassembler les morceaux, parce que le transporter était déjà pas une mince affaire… Enfin, cette fois, je suis ici pour une meilleure raison. C’est la première fois que j’amène une femme sur le point de donner la vie. J’ai pas su quoi lui dire mais les gars ont été rassurants avec elle. Roger m’a raconté qu’une fois il avait du en accoucher une, je vous jure que j’avais pas envie d’en arriver là, mais j’étais soulagé que quelqu’un sache le faire parmi nous.

     Ca fait un peu plus de six mois que je fais ce travail et si je m’y sens bien, je dois admettre que c’est quelque chose quand même. J’aime bien ça, c’est une pression positive, et puis c’est pas mal de se dire qu’on sait où on sera demain. Le commandant prend le temps de faire les transmissions avec les médecins ou les infirmiers, et moi j’en profite pour prendre ma pause. On n’est pas obligés d’être à la caserne pour être alertés, alors on peut bien se permettre de prendre un peu notre temps. Je me perds un peu dans les couloirs bondés de l’hôpital. Une femme voit mon uniforme et me demande de m’occuper de son gamin qui a le genou fendu, mais qu’est ce qu’elle veut que j’y fasse, moi ? J'ai même pas le matos. Je lui explique calmement que c’est pas moi qui m’occupe de ça, qu’un médecin va venir, et je m’éloigne en l’entendant maugréer que les médecins sont des espèces de fantômes, ici.

     La clope que j’allume est salvatrice, comme si je retrouvais un peu d’oxygène, enfin. Être à l'extérieur aide aussi, je sais pas comment des gens font pour bosser dans ce bordel.

@Billie Stevens
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« Heure du décès, quinze heures dix. » Souffla Billie avant de s'écarter de la table d'opération, en secouant lentement la tête. Malgré tous leurs efforts, les médecins n'étaient pas parvenus à sauver le môme de dix-sept ans qui avait été emmené aux urgences quelques heures auparavant. Ses blessures étaient trop importantes, et il était arrivé en trop piteux état pour tenir le coup. Ce n'était pas inhabituel, c'était au contraire bien trop fréquent aux urgences, mais le sentiment de défaite et de déception persistaient pourtant, mois après mois. Et Billie faisait d'ailleurs partie des gens pensant que ces sentiments-là faisaient d'eux de meilleurs médecins, parce qu'ils ne cessaient jamais de se soucier réellement de leurs patients.

Le visage de la brune était donc marqué, ses traits tirés, lorsqu'elle sortit enfin du bloc dans l'espoir de pouvoir recouvrer ses esprits. Billie ignorait tout de l'appel de la nicotine, elle qui n'avait jamais touché une cigarette de sa vie, mais n'avait jamais rien su faire contre l'appel du grand air... Et à Red Hawk, le grand air était quelque peu difficile à trouver. Il n'y avait pas de montagnes, pas de forêts où se réfugier, pas d'immenses espaces verts pour oublier la grisaille de la ville.

A défaut de tout cela, donc, la jeune-femme trouvait refuge à l'extérieur de l'hôpital, sur le flanc ouest de la bâtisse, loin de l'entrée principale, et quelque peu en retrait de l'aire de stationnement des urgences, pour ne pas traîner dans les pattes des services de secours. Le sol était encore humide de la bruine ayant baigné Red Hawk presque toute la journée, mais le ciel leur offrait une accalmie. Billie s'adossa contre le mur pour porter à ses lèvres le gobelet de café fumant qu'elle avait récupéré avant de sortir, et fit bien entendu de son mieux pour ne porter son regard sur personne.
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     Le temps me tire un bâillement que je ne parviens pas à contrôler, la moiteur de l’air ne me permettant en aucun cas de me sentir frais. J’ai pris mon poste à 11 heures, et je ne finirai qu’aux alentours de 22 heures. Hier soir, je me suis endormi juste après le « Toudoum » de Netflix je crois. Alors cette pause, je la savoure, tant que ça ne bipe pas, c’est qu’on n’a pas besoin de moi. De ce côté de l’hôpital, ça ne grouille pas franchement de monde et quand je regarde autour de moi, au de là des fumeurs en rang d’oignon, j’ai vite fait de repérer le médecin que j’ai vu tout à l’heure. En la croisant dans la rue, j’aurais pas parié qu’elle était médecin, d’ailleurs, mais c’est pas la question. Si je me trompe pas, c’est elle qui s’est occupée du gamin. Et si c’est pas elle, elle sait peut-être ce qu’il est devenu ? Les gens de la fondation me demanderont ce qu’il en est j’imagine, moi-même j'ai envie d'être rassuré, bien que je redoute ce que l'on pourra m'en dire.

          -Madame ?

     Non, Non, Ethan, n’oublie pas que t’as appris un minimum les convenances. Un médecin, on l’appelle « Docteur ».

          -Docteur ? Vous voulez une cigarette ?

     J’ignore pas qu’elle est en pause. Elle a peut-être pas le nez rivé sur son téléphone, mais je le trouve bien profondément enfoui dans son gobelet et je vois ça comme un signe de nervosité. Quand je suis nerveux, je fume une clope. Alors je sors mon paquet en même temps que je parle et je lui en tend une. J’aimerais pas qu’on me dérange pendant ma pause, mais j’ai vraiment envie de savoir, alors j’espère que cette cigarette me fera passer pour un type sympathique qui cherche pas à emmerder son monde.
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Le timbre masculin qui retentit aux oreilles de Billie pourrait la sortir de sa rêverie, si elle était du genre à rêvasser... Or ce n'était pas une activité à laquelle elle s'adonnait hors de chez elle, où nul ne pourrait la voir faire. Les alentours du Red Hawk Hospital étaient une véritable fourmilière, et le calme relatif de ce coin précis ne suffit pas à lui faire baisser sa garde. Aussi releva-t-elle la tête sans trop de surprise, malheureusement habituée à être hélée, interrompue, alpaguée toutes les cinq secondes lorsqu'elle est en service.

Billie étira un sourire poli en déclinant la proposition, à la fois d'un mouvement de la tête, et en agitant sa main libre. « Non, merci, c'est gentil. » Elle ne prit pas la peine de préciser qu'elle ne fumait pas, pas tout à fait d'humeur à servir un sermon sur les dangers de la nicotine à un homme qui, de toute évidence, était déjà parfaitement au courant. A l'uniforme qu'il portait, elle était même prête à parier qu'il avait plus d'une fois dû maîtriser les incendies déclenchés par des fumeurs oublieux de l'environnement.

Elle plissa néanmoins les yeux, en détaillant son interlocuteur, dont le visage lui était familier. Bien-sûr, il était pompier, aussi le croisait-elle peut-être tous les jours ici même sans s'en rendre compte. Les arrivées aux urgences se faisaient souvent avec fracas, et elle ne prenait guère le temps de la conversation. Mais elle était certaine d'avoir vu ces traits-ci plus récemment encore, et se risqua donc à demander. « C'était vous tout à l'heure, non ? L'accident de voiture ? »
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Elle refuse ma cigarette, et je pense au fait que c'est un peu con de proposer une clope à une médecin. Ces gens là voient le tabac tuer leurs patients chaque jour, même si Marlboro a déjà essayé de faire croire le contraire. Ouais, j'imagine que vous fumez pas... Pardon. Je sais pas bien pourquoi je m'excuse, je ne lui ai rien dit de mal, mais peut-être que je trouve nul de l'approcher, au fond ?

Elle me surprend quand elle me reconnaît. Je trouve cette femme plutôt physionomiste. Moi je suis pas foutu de reconnaître quelqu'un que j'ai croisé la veille, et si j'ai reconnu la médecin, c'est parce que la scène m'a marqué. Et probablement aussi parce que c'est une femme, je m'arrête toujours plus sur les traits féminins que sur les traits masculins, c'est normal. Quoiqu'il en soit, je la revois, professionnelle, tirer le brancard à elle et vérifier les constantes pas très constantes, un pli soucieux sur son front pourtant encore lisse. Ah, ouais, ouais, c'était moi. Enfin... Pas le responsable, mais j'ai amené les deux victimes. J'ai jamais eu un humour à décaper, alors je tors un sourire qui ne ressemble pas à grand chose. On pourrait trouver ça déplacé, mais j'imagine que la médecin a vu pire que cet accident, et moi... Eh bien moi aussi. Je perds ce sourire torve parce que la question qui me brûle les lèvres est quand même délicate, je me balance d'un pied sur l'autre, reprends une bouffée sur ma cigarette jusqu'au mégot. D'ailleurs, hm... 'Croyez qu'il va s'en sortir, le môme? Etrangement, il ne me vient pas à l'esprit qu'il est déjà mort et que c'est peut-être précisément pour ça qu'elle est là.
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Billie plissa le museau, sans bien comprendre pour quelles raisons le pompier lui présentait ses excuses, et secoua la tête. « Oh, il y a des médecins qui fument, je vous assure. » Elle ne prenait pas comme un affront le fait qu'il ait pu la croire fumeuse, et surtout elle ne mentait pas : les risques de cancer n'étaient parfois pas suffisants à vaincre l'addiction, même des meilleurs médecins. Ils étaient nombreux à avoir besoin d'un palliatif pour affronter le stress constant qu'imposait l'hôpital, et notamment les urgences.

L'humour un peu noir dont il fit preuve n'était pas tout à fait la tasse de thé de Billie, qui se contenta d'esquisser un sourire pincé, mal à l'aise. Seize années dans le monde réel n'avaient pas suffit à la rendre tout à fait apte aux relations sociales. Le malaise cependant s'intensifia encore, lorsqu'elle comprit qu'il s'inquiétait du sort du jeune-homme qu'elle avait dû opérer. Il s'agissait forcément de lui, l'autre étant âgé d'une quarantaine d'années. Le visage de la brune se transforma, se para du voile qu'elle affichait toujours pour annoncer les mauvaises nouvelles aux familles. « Je suis vraiment désolée, mais ses blessures étaient trop importantes, il n'a pas survécu... » Et comme il ne l'avait pas appelé par son prénom, elle ne supposait pas qu'il pouvait le connaître. « Vous êtes arrivés vite, c'était juste... Déjà trop grave. »
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J'ai déjà été confronté à la mort dans ma vie, bien sûr. Je ne crois pas l'avoir donnée, mais je l'ai vue plus d'une fois. J'ai vécu le deuil par procuration auprès des familles des gars qui ne sont jamais ressortis de telle ou telle affaire. Je devrais peut-être me sentir coupable parce que j'aurais du les considérer comme mes frères, mais c'était en fait surtout des collègues. Est-ce que l'on doit être peiné de la mort de collègues qui savent très bien dans quoi ils foutent les pieds ? Est-ce qu'ils auraient pleuré pour moi? Ou est-ce qu'ils ont pleuré quand j'ai fini en taule pour eux?
Là, c'est différent. Enfin j'en ai l'impression. Je ne connaissais pas bien Jimmy, mais je connais le visage de sa mère, celui de sa petite sœur, et même le prénom de ses cousins. Il faisait de mal à personne jusqu'à présent, mais je suis pas sûr qu'on puisse dire que voler une caisse soit fondamentalement mal. Il recommencera plus, voilà tout. La nouvelle, pourtant pas surprenante, me pique plus que je ne l'imaginais. Putain. Merde. Je crois pas que j'en suis au stade où je deviens livide, mais ses mots sonnent creux dans mes oreilles. Furtivement, la culpabilité passe et s'étiole: elle a raison, on est intervenus vite. Je secoue lentement la tête comme pour me défaire des images, des sons et du reste, le temps que le silence reprenne sa juste place. Et puis, hésitant, je reprends: J'veux pas vous déranger avec le boulot alors qu'vous êtes en pause, mais vous sauriez me dire si quelqu'un va se charger de l'annoncer à sa famille ? Je sais même pas si sa mère sait, pour l'accident et tout. Je ferai certainement mieux de me rendre à la réception, ou bien de m'évaporer, c'est pas mes affaires au final, mais je crois que mon rôle de repenti après l'incarcération a trop déteint sur moi.
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Le visage du pompier s'assombrit, mais il était une fois encore difficile de déterminer s'il connaissait la victime, ou s'il prenait simplement son métier à cœur. Personne ne devenait pompier autrement que par vocation et désir sincère d'aider son prochain, du moins aux yeux de Billie la chose était tout bonnement impossible. Seulement, lorsqu'il aborda le sujet de la famille, et notamment de la mère du jeune-homme, la médecin comprit sa méprise et grimaça légèrement. « C'est moi qui vais me charger de l'annoncer à sa famille, il avait ses papiers d'identité sur lui, l'hôpital essaie de contacter ses parents mais ils étaient injoignables lorsque l'opération s'est terminée... » Annoncer un décès n'était jamais une chose évidente, mais ça faisait partie du métier et Billie s'y pliait donc, au même titre qu'elle se pliait au reste. « Vous le connaissiez ? »
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Je sais pas comment une gonzesse qui a l'air si jeune et si menue peut porter autant. Je voudrais vraiment pas être à sa place, la mère du gosse est du genre... hystérique, et j'ose même pas imaginer ce moment où elle va l'apprendre. La famille Peterson, pourtant, est comme beaucoup ici: dysfonctionnelle, alors je ne suis pas surpris qu'elle ait été injoignable. Pour ma part, je hausse simplement les épaules à la question qu'elle me porte, une façon comme une autre de feindre une assurance à toute épreuve après cet aveux de faiblesse. Un peu, ouais. On jouait parfois des matchs de basket le dimanche après midi. 'Savez comment c'est, faut les occuper pour leur éviter c'qui vient d'arriver. Je sors mon téléphone, non pas pour voir si j'ai des textos ou des appels manqués mais pour vérifier mon répertoire. Si vous voulez, j'ai le numéro de portable de sa mère, j'peux l'laisser à l'accueil. Quand je suis entré en prison, tout le monde avait encore des téléphones fixe, ou presque, les Peterson ont évolué un peu à mon rythme. J'étire un sourire contrit, sincèrement coupable, et pas franchement satisfait de moi, j'aurais du me la fermer et pas me mêler de ça.
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Billie pinça les lèvres une nouvelle fois, une moue navrée se dessinant sur sa bouche, son regard se voilant légèrement. Le métier de pompier était déjà difficile en soi, mais c'était tout autre chose lorsqu'il vous confrontait à des gens de votre entourage. Visiblement, le jeune n'était pas son ami, mais il l'avait vu grandir, il connaissait ses parents, c'était suffisant pour être troublant. Billie aurait eu beaucoup de mal à soigner l'un de ses proches, mais fort heureusement pour elle, elle n'en avait pas beaucoup.

« C'est gentil, oui, si ça peut nous aider à la joindre, merci. » Elle n'alla pas jusqu'à lui demander s'il voulait annoncer lui-même la mauvaise nouvelle, ce n'était pas son rôle et ç'aurait été une bien lourde tâche à lui confier. « Je ne sais pas si vous connaissiez le second blessé, il est toujours en chirurgie mais ça s'annonçait moins compliqué. » Ce qui pouvait, d'ailleurs, être surprenant, parce que de prime abord, le jeune semblait bien moins amoché ! Mais ses blessures internes, et donc invisibles, avaient été fatales.
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Eh bien j'irai à l'accueil, et puis je fuirai certainement en courant si on m'en demande davantage. Peut être qu'on organisera quelque chose à la fondation, j'en sais rien, mais je me suis déjà un peu trop investi à mon goût. Je le connais pas, nan, mais j'suis content de voir que quelqu'un s'en sortira peut être. Au moment où je range mon téléphone au fond de ma poche, mon talkie grésille. Les gars doivent déjà être au camion et je sens que je vais me faire engueuler sous prétexte que je suis pas là dans la seconde. Merde. Eh ben visiblement ya pas d'heures pour essayer de sauver des vies. Je lâche un sourire un peu maigre, parce que j'ai bien conscience que de nous deux, c'est elle qui en fait le plus. Navré d'vous avoir volé votre pause, si on se recroise je vous dois un café.
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