Sorry I fucked up your work | Ft. Eliott

Travailler dans un parc avait quelque chose de gratifiant. Il savait que beaucoup de gens allait pouvoir profiter de tout ça, c’était agréable pour les yeux. La grande fontaine centrale avait été rénovée, la pelouse tondue par les jardiniers. De leurs côtés en tant que paysagistes ils avaient organisé de tout nouveaux espaces pour s'assoir sous forme d’immenses pots de fleurs qui permettait d’avoir 4 bancs. Des vasques avaient été installées aussi ici et là, permettant d’avoir par la même occasion des points de lumière grâce à un système installé directement dans le socle à la base. C’était lourd, c’était pénible à installer et à transporter et voilà que soudainement quelqu’un avait foncé en plein dedans, la renversant au passage avant d’abimer une partie des buissons. Tout ça et seulement un oops?! Il fronce les sourcils en se frottant un peu les mains.

“ Ouai, c’est sûr que ça se voit pas vraiment un truc de cette taille et aussi lourde ! Ca coute rien d’ouvrir les yeux plutôt que de courir bêtement sans regarder devant soi! La moindre des choses c’est de s’excuser.”

Il n’avait aucune envie de l’aider à se relever, tant mieux s’il s’était fait un peu mal contre, ça lui ferait surement un petit bleu. Le karma ! Il s’était relevé puisqu’il était entrain de travailler à la base d’un autre buisson sur un parterre de fleurs.

“ Et tout ça, c’est mon boulot. J’y passe du temps, et je suis payé pour ça. Alors la moindre des choses ça va être de m’aider à relever ça parce que c’est lourd et que c’était déjà une plaie à mettre en place.”

Eliott avait enfilé des gants pour éviter de s’abimer les mains contre la pierre de la vasque, attrapant un côté avant de montrer une autre partie au maladroit pour qu’il lui file un coup de main.

Il n’avait jamais vraiment réussi à cerner les gens aussi exubérants, ou plutôt du genre ultra remuants, sûrement un peu bruyants dans la vie quotidienne, ceux qui n’ont pas vraiment de souci à traîner dans les pieds des gens. Pas sur qu’il arrive facilement à s’entendre avec quelqu’un comme ça et pour l’instant étant donné l’état de son travail à cause de lui il n’avait pas vraiment de patience.

“ Si tu avais quelque chose de cassé tu ne serais pas occupé à vérifier que ça va, tu le saurais."

Ce n’était pas vraiment le genre à tutoyer un inconnu de base mais pour le coup celui en face de lui semblait s’en moquer totalement de faire les choses avec les formes donc pourquoi est ce qu’il s’embêterait outre mesure? Et il pouvait le croire sur parole, il en avait eu des os cassés, de vraies blessures graves. Quand on souffrait assez dans ces instants là on avait pas besoin de chercher la blessure.

Le brun lui avait adressé un regard un peu perplexe en le voyant avec son chien dans les bras entrain de lui faire une déclaration d’amour en lui faisant un bisou alors qu’en effet, l’animal était bien crade. Ca, il ne l’avait pas encore intégré à son quotidien que les animaux soient des membres de la famille. Il avait grandi avec des chiens mais qui avaient un rôle de protection, ou pour filer un coup de main.

Les mains serrées sur la pierre il avait relevé et remis à sa place la vasque sur son support avec un grognement léger, même échauffé c’était tout de même quelque chose de difficile. Porter des trucs lourds, l’inconvénient du métier.

“ Ou alors ne pas la faire tomber? Comme ça, pas d’effort à fournir."

Avait marmonné légèrement le jeune homme, pas dit qu’il ai pu l’entendre distinctement d’ailleurs mais il en avait soupiré en se frottant un peu les mains.

“ Ouai si on compte pas la terre par terre et la chance que rien ne soit cassé. C’est fait sur mesure les trucs comme ça."

Bon, il n’était pas salaud. Il lui avait tendu un de ses torchons pour au moins qu’il s’essuie un peu les mains et la terre qu’il s’était fichu dessus.

Il inspirait longuement, il était relativement empathique comme personne mais pas avec tout le monde clairement, et là il avait réussi en très peu de temps à s’assurer un manque totale d’empathie. Ce n’était pas le genre de personne avec qui il pourrait s’entendre, ça il n’en doutait même pas et avec la meilleure volonté du monde. Ils étaient bien trop différents dans leur façon d’être et le côté léger et je m’en fous du jeune en face de lui avait le chic pour l’agacer plus que de raison même s’il ne montrait pas spécialement quelque chose et gardait cet air renfrogné.

“ Bah il sera toujours temps de s’inquiéter pour vous plus tard alors, pour le moment rien de majeur à déclarer si?"

Puis bon ça serait bien fait pour sa tronche quand même dans une certaine mesure, il n’allait pas le plaindre de ne pas faire gaffe où il marchait en courant après un chien. A son âge il était bien fichu de faire gaffe où il mettait ses pieds! Ce n’était pas comme si lui avait déboulé d’il ne savait trop où pour lui barrer le chemin et le faire tomber. Là, il se serait excusé mais visiblement tout le monde n’avait pas le même savoir vivre à ce niveau là.

“ Bah ouai à ce moment là pourquoi on s’emmerde à faire quoi que ce soit? Juste parce que les gens sont des cons sans éducation on devrait se priver d’essayer de faire des trucs bien? Drôle de façon de penser. C’est pas la mienne. On me paye pour faire un job, le reste je m’en fous pas mal. Donc si c’est pété, et bah on me fera revenir et ainsi de suite. C’est le jeu. Moi j’en ai rien à faire, concrètement."

Si, ça le ferait sans doute un peu râler qu’on saccage son travail mais ce n’était pas son matos ni chez lui alors bon tant qu’on le payait il viendrait toutes les semaines si c’était nécessaire.

“ Ouai ouai, j’ai compris l’idée. Ca sert à rien, tout ça, tout ça. J’aurais du mettre un cactus ça vous aurait fait les pieds et ça on peut pas le cueillir. Allez, vous voulez pas allez questionner le sens de la vie et des choses plus loin? Moi j’ai du boulot.”

Le brun s’était occupé de remplir de terreau le lourd réceptacle avant de venir y planter des bourgeons qui fleuriraient à la prochaine belle saison, poursuivant son boulot en préférant se focaliser là dessus.

Eliott n'était pas vraiment touché plus que ça par ses grands sourires, il avait plutôt tendance à royalement s'en balancer et au fond même s'il avait voulu remettre en cause la présence de cet éspèce de grand contenant en béton pour s'en plaindre il n'aurait sans doute rien répondu. Autant se plaindre d'un arbre après avoir foncé dedans bêtement faute d'attention. A ce niveau là c'était juste de la mauvaise foi alors est ce que débattre avait encore le moindre sens?

" Si vous étiez un peu moins centré sur votre petite personne peut être que vous finiriez pas étalé par terre comme un crétin."

Suggère Eliott avec un haussement de sourcil, ça tenait la route comme raisonnement. Peut être que ses chevilles avaient trop gonflé sous tant d'égocentrisme et qu'elle ne lui permettaient plus d'avoir une statique convenable. Ca tenait plutôt la route comme explication, non? Lui en tous cas il trouvait ça globalement cohérent.

" Je préfère être payé à faire des trucs utiles qu'à réparer les conneries des gens."

Tranchait le brun avec un haussement d'épaules en continuant à s'affairer, être payé c'était une chose mais faire quelque chose d'utile qui allait tenir dans le temps c'était quand même bien plus cohérent, non? Rabat-joie, il l'avait déjà entendu cette expression pour le coup.

" Vous me connaissez pas pour me qualifier de rabat joie. Je suis pas tolérant face à la connerie humaine, c'est un fait. Si c'est une mauvaise chose, pas sur. Et je me réjouis pas du malheur des gens. Que vous tombiez j'en ai plutôt rien à faire mais si ça a un impact sur mon boulot c'est pas pareil. "

Il ne le comprendrait pas, sans doute jamais, mais tant pis. On ne pouvait pas s'entendre avec tout le monde après tout, lui il avait de quoi faire et il ne comprenait juste pas pourquoi ce dernier se bornait à vouloir rester là planté près de lui à lui faire une pseudo leçon de morale sur le fait de relativiser les choses.

" C'est pas mon job, planter des fleurs. C'est une partie plutôt moindre en fait. Et je vois pas pourquoi ça devrait faire de moi quelqu'un de joyeux outre mesure."

Quel rapport entre les fleurs et le bonheur? M'enfin. Lui en tous cas il ne voyait pas spécialement de lien entre ça. Il aimait son boulot, et ça l'apaisait. La présence des gens, nettement moins.

" Je suis pas triste, d'ailleurs."